Timothy O'Lonnel

On ne sait jamais de quoi sera fait demain. Il y a tellement de facteurs négatifs dans la vie. Tellement de choses horribles qui peuvent arriver et faire de la vie de tous un enfer. Il y a la mort. Il y a la maladie. Il y a la perte d'un être cher. Il y a même eu Voldemort, c'est vous dire à quel point le monde peut sembler cruel. Il a eu tellement de compagnons, tellement d'adeptes, de personnes qui croyaient en lui que c'est bien suffisant pour comprendre que non, tout le monde n'est pas juste et sympathique et non, la justice n'est pas toujours triomphante. Tout porte à croire que la vie n'a rien de réjouissante. Pourtant, Timothy a choisi de faire partie de ceux qui croient, de ceux qui ont la foi, de ceux qui pensent que les gens justes méritent des choses justes. Il est Optimiste et il suffit de le lire, même un tout petit peu pour savoir que plus d'une fois, cet optimisme l'a sauvé à bien des égards.

Je m'appelle Timothy O'Lonnel, j'ai 12 ans et je tiens un journal. Je ne dirais pas tant qu'il est intime, parce que je ne serais pas offusqué et en colère si quelqu'un tombait dessus et le lisait. En réalité, je ne cherche même pas à le cacher aux yeux des autres et je n'ai certainement pas l'intention d'écrire toutes les pensées amusantes ou vindicatives qui me traverseront l'esprit tel un adolescent en pleine crise. J'ai déjà réfléchi à cette crise et je pense pouvoir passer outre. J'ai bien d'autres préoccupations en tête. Bien d'autres projets que celle de me laisser emporter par mon taux de testostérone. Je ne suis pas un enfant comme les autres, tout du moins, c'est ce que mes parents me répètent sans cesse. A ma soeur, Victoria également. J'ai pourtant l'impression de ressembler bien plus aux Moldus qu'ils ne le disent. L'impression d'avoir des similarités surprenantes avec eux, si bien et tant bien que je déteste cette appellation, cette différence posée et notifiée, comme si elle faisait de moi un être plus extraordinaire qu'un autre. Cette différence me sépare même d'une de mes soeur, Elizabeth, qui se trouve être une cracmolle. C'est quelque chose qu'elle vit très mal. J'ai bien l'intention de lui expliquer que, plus d'une fois, j'aurais échangé sa place avec la mienne mais je ne suis pas sûr qu'elle soit apte à l'entendre ou à le comprendre. Alors non, je n'ai pas de place pour une crise d'adolescence, ni même pour toujours tenter de faire mieux que ma soeur Victoria, qui, même sans être entrée à l'école de Poudlard semble déjà en savoir plus que moi sur la magie. Peut-être parce qu'elle s'y intéresse de très près ou que la pression des parents lui fait plus d'effet qu'à moi. Je n'en sais rien. Ce que je sais tient sur quelques lignes. Je suis très heureux d'être à Poufsouffle. J'ai enfin l'impression d'être à ma place et l'empathie de la plupart de mes camarades me fait chaud au coeur. J'ai rencontré plusieurs personnes, qui, comme moi, ont conscience de n'avoir rien d'exceptionnelle. Je vais tout faire pour entrer dans l'équipe de Quidditch et je me connais assez pour savoir que je suis assez déterminé pour que cela fonctionne. Je préfère les cours de vol aux autres cours mais cela ne m'empêche pas d'avoir des pré-dispositions pour les cours de potion. Bien le professeur soit un véritable pince-sans-rire qui effraie tout le monde et je me sens tout de même mieux à Poudlard que chez moi. Par dessus tout, j'ai hâte que ma vie d'adulte commence.

J'ai cru que je ne m'en sortirais pas. J'y ai vraiment cru. Le quidditch est un sport dangereux. En tout cas, c'est ce que j'entendais tout le temps, sans jamais le prendre au sérieux, sans jamais y prêter une réelle attention. Ce n'est pas tant que je n'y croyais pas. J'ai vu certains de mes camarades être blessés lors des matchs mais ce n'était jamais assez grave pour que j'ose enfin avoir peur. Ce n'était jamais assez grave. Je fermais les yeux, j'étais même heureux de toujours jouer avec mes limites. Cette ligne entre le la sûreté et la dangerosité. Une ligne que j'ai franchi aujourd'hui. Me retrouver à l'infirmerie est presque une surprise parce que je ne me souviens plus de rien et quand le Cognard m'a pris de plein fouet, j'ai bien cru que j'allais en mourir. Et pourtant, je suis là, à l'infirmerie, légèrement groggy mais vivant. J'essaie de me lever mais je n'y arrive pas. C'est à ce moment là que j'entends ma soeur m'expliquer que les os de ma colonne ont faillit se briser et que même si elle les a réparé, madame Pomfresh n'a pas pu faire de miracle et le Quidditch est donc bien fini puisqu'un autre choc de ce genre pourrait causer ma mort. Ma pensée première a été de me dire que si c'est arrivé une fois, rien ne prouverait que cela pourrait recommencer mais les yeux de Victoria ont suffi à ce que je hoche la tête en affirmant que je ne retournerais plus sur un balai que pour me déplacer d'un point A à un point B. Elle sait être persuasive quand elle le veut.

Je suis plus proche de la fin de mes études que du début. C'est d'ailleurs une sorte de soulagement. J'aime ce que je fais et j'aime étudier mais, je suis toujours aussi pressé de me rapprocher de ma vie d'adulte, de rencontrer la femme qui partagera ma vie et d'avoir des enfants. De les voir grandir et de leur apprendre combien le monde peut être beau si on sait comment regarder. Je ne m'attendais pas à la rencontrer, à la voir, je ne m'attendais pas à Elle si tôt. Pourtant, lorsque je l'ai vu, elle et ses grands yeux verts, j'ai tout de suite su qu'elle serait importante. Au moins pour moi. Je n'ai pas pu détacher mes yeux de cette chevelure, de ce visage d'ange et encore moins de ses yeux profonds et déterminés. J'ai connu des filles avant elle, je ne dis pas le contraire. Je ne suis pas prude, même si je suis conservateur. J'en ai même aimé, tout du moins, je le croyais mais comparé à ce que j'ai ressenti à ce moment-là, lorsqu'elle a levé les yeux et qu'elle m'a souri naturellement, ce n'était rien. Une infime poussière dans l'Univers. Et, ô joie, ô paroxysme du bonheur, elle semble aussi être intéressée par moi parce que, lorsque je l'ai approché pour lui parler. Lorsque j'ai enfin osé, après plusieurs échanges de sourires, de regards. Elle ne m'a pas repoussé. Non, au contraire, on est même sortis ensemble et ça m'a fait un bien fou. J'ai appris à la comprendre, à la connaître et à détecter les moindres de ses mimiques, ce qu'elles voulaient dire, ce qu'elles signifiaient et j'ai vite compris que Ginny mentait. Pas à moi, ou tout du moins, pas volontairement, mais surtout à elle-même. Pourtant, je me précipite pour être celui qui l'aidera, la consolera parce que sa vie a été dure. Bien plus qu'elle ne veut le dire. Bien plus qu'elle ne veut l'admettre et je m'illusionne. J'espère que ça suffira. J'espère sincèrement que mon amour comblera celui qu'elle ne ressent pas pour moi. Ne dit-on pas que l'amour rend aveugle?

Elle a dit oui. Elle a dit OUI. Je vois encore Newton me regarder avec des yeux tout ronds alors qu'il y a quelques semaines à peine, je lui parlais de mes craintes à propos de Ginny. Je lui racontais que souvent, je la surprenais, le regard dans le vide et qu'au fond de moi, je savais pertinemment à qui elle pensait. A quoi. Je suis passé outre, comme je l'ai toujours fait avec elle d'ailleurs et Newton a eu la présence d'esprit et surtout l'amitié de ne pas me démonter. De ne pas chercher à m'ouvrir les yeux puisque je persiste à les garder fermés. Newton, c'est un peu mon Autre. La personne que j'aurais voulu être, que j'aurais préféré être dans cet autre Monde. Celui des Moldus. Quand ma soeur, Veronica m'a parlé de lui, j'ai sauté sur l'occasion pour lui venir en aide alors que je ne savais encore rien de lui et je n'ai jamais regretté. J'ai découvert quelqu'un qui me ressemble énormément et qui est l'image parfaite du frère que je me suis inventé dans mes rêves les plus fous. Il s'occupe merveilleusement bien de ma nièce et je la surveille avec Ginny dès qu'on en a l'occasion parce que j'aime les enfants. J'aime surtout celle-là. C'est la première fois que je rencontre quelqu'un capable de me comprendre sans que je n'ouvre la bouche et je suis loin d'être surpris que ce soit un Moldu. J'ai toujours voulu en être un. Au fond de moi et je vis cette vie à travers lui, à présent. Je crois que s'il n'était pas là, je ne serais pas aussi fort face à cette histoire d'amour à sens unique. Face à cette histoire, tout court. Je n'écoute pas ma mère qui affirme que c'est une mauvaise idée. Je n'écoute personne, en fait. Elle a dit oui et c'est la seule chose qui m'importe parce que maintenant, je suis certain de vieillir à côté de la femme de ma vie. C'est bien évidemment sans compter sur ce qu'elle ressent réellement et ne dit pas. C'est bien évidemment sans compter sur Harry Potter...